Nous avons plusieurs "moi" dans notre vie quotidienne. J'utilise plusieurs visages dans ma vie. Je pioche un de ces visages selon l’occasion, le contexte, un peu comme dans un jeu de cartes. Mais le « moi » en relation avec le monde n'est qu'une petite partie de ce que je suis. Les attitudes et les sentiments que j'exprime aux autres cachent de nombreuses couches de sentiments et de pensées. 

Je ne crois pas saisir et comprendre pleinement la grande variété des personnages qui m’habitent. Certains d'entre eux peuvent être cachés par la peur ou ignorés délibérément. Plus j'essaie d'aller au fond de moi-même, moins je suis sûre de ma propre forme. Je suis à une étape de ma vie où je commence accepter de regarder ces couches, de les accepter même s’il y a des choses que je trouve horribles. Je ne suis pas un personnage fixe, mais une collection de nombreux personnages.

KUROKO: Dans le théâtre KABUKI, les “KUROKO” sont entièrement vêtus de noir et sans visage. Ces « personnages » ont essentiellement des rôles d’assistants ou de marionnettistes. 

Je crois que j’ai -comme tout le monde d’ailleurs- des KUROKO à l’intérieur de moi; ils sont « là sans être là ». 

En japonais < KUROKO ni tessuru > signifie
“travailler pour quelqu’un, arranger ses affaires, régler ses problèmes, sans qu’on le sache, en restant toujours derrière, dans l’ombre.” C’est une attitude qui n’attend aucune récompense. Normalement le KUROKO n’est pas le centre de l’histoire. Il est au service d’un autre. 

Dans cette pièce, mes efforts et les peurs cachées pour être ici sont dévoilées par l’apparition de KUROKO. Je voudrais montrer la relation de Moi et KUROKO à quel point nous sommes violentes avec nous-mêmes, à quel point nos pensées et nos corps sont parfois séparés l'un de l'autre, à quel point KUROKO ne m'a jamais abandonnée. 

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